Août 1963 voyage sur la côte Dalmate

Mon premier voyage sans mes parents : la cote Dalmate

Comme je le dis dans un billet précédent :

Après six mois d’interdiction de sorties le soir, mes parents m’offrir le voyage de mon choix pour le mois d’août. En fait je commençais à réaliser que pour eux le problème le plus important était qu’ils fussent sans moi l’été, pour leurs vacances en couple ! J’étais encore un peu dupe, croyant juste qu’ils voulaient me libérer !

Je choisis un voyage en caïque le long de la côte Dalmate. C’était l’été 1963 et il allait bouleverser ma vie pour toujours.

Parmi le peu de choix, ce voyage m’avait séduite pour son parcours solitaire dans les eaux de la Méditerranée bien que longeant les terres de près et jamais au milieu des eaux.

Une vingtaine de passagers seulement, un cuisinier et un capitaine dalmates, ne parlant pas français. Je dois dire que je ne m’éloignais pas bien loin de ma culture italienne et méditerranéenne, aucunement tentée par le saut au-dessus de l’Atlantique ni pas encore vers l’Asie ni l’Afrique.

Le tourisme de masse n’existait pas encore, tout au moins il n’en était qu’à ses débuts, nous étions loin d’imaginer ce qu’il allait devenir dans les années qui suivraient, alors que voyager faisait mon ordinaire depuis mon enfance. Vivre sur un bateau à l’aménagement sommaire, un caïque qui servait à la pêche le reste de l’année, équipé l’été pour qu’un groupe de passagers venus de France puisse y vivre deux semaines et longer la cote dalmate me paraissait enchanteur, je ne serai pas déçue.

J’avais atteint en décembre 1962 la majorité fixée à 21 ans. Nous étions en août 1963. J’étais considérée responsable de moi-même au regard de la loi française.

Nous arrivâmes au port de Rovinj par avion où nous fumes logés dans un hôtel par chambre de quatre personnes du même sexe, notre groupe était d’une vingtaine de personnes des deux sexes entre 21 et 30 ans.

Notre premier mouvement fut d’aller voir la mer et de s’y baigner, entrainés par l’accompagnateur qui était le « chef » de notre futur équipage de touristes ; il initia quelques-uns d’entre nous à la nourriture croate en nous emmenant, par les rues bigarrées, dans un petit restaurant pour déguster des brochettes de mouton très parfumées d’herbes. Nous restâmes une nuit dans ce port, le temps que le bateau soit nettoyé, les volontaires participèrent à l’achat des provisions alimentaires, ce qui se répéta tout au long du voyage.

Aménagement externe et interne du caïque

Intérieur de la coque :

  • La coque était aménagée intérieurement sur tout son pourtour de couchettes sur deux niveaux, que l’on pouvait rendre plus intime à l’aide d’un rideau de coton de couleur.

Sur le pont :

  • la cabine de pilotage.
  • Un WC communiquait directement avec la mer.
  • Un tuyau terminé par un jet, relié à la réserve d’eau du bateau pour se laver, éventuellement derrière un rideau, mais comme nous allions séjourner le plus souvent dans la mer, ce jet nous servait surtout à nous rincer.
  • Le chef cuisinier disposait d’une petite cuisine à demie fermée.
  • Nous mangions à une table, assis sur les deux bancs posés de chaque côté. Cette table servira à tout : consulter des cartes géographiques pour suivre notre progression, jouer aux cartes, lire ou écrire, surtout parler…, ce que nous faisions aussi simplement assis directement sur le sol de bois du pont.
  • Une toile tendue au-dessus de la moitié de ce pont nous permettait d’être à l’ombre en plein air. L’avant servira à ceux qui voulaient se faire bronzer, qui n’étaient qu’une minorité. Tout le pourtour comportait deux ou trois rangées de tresses en fer surplombées d’une mince main courante en bois à hauteur de la taille.

Durant tout le circuit les voyageurs se répartissaient selon leur affinité et leur intérêt : juste admirer la côte que nous longions et la commenter, dormir dans la cale, lire, bavarder… en petits groupes de 2 à 5 personnes, ou solitaire.

L’accompagnateur se nommait Jean-Jacques et venait d’avoir 25 ans. Il effectuait cette navigation depuis plus d’un mois, soit déjà 3 ou 4 allers/retours. Ainsi il avait eu le temps de connaitre l’environnement, il put nous y initier, compte tenu que le capitaine et le cuisinier ne parlaient que le croate.

Odyssée de la cote Dalmate

Nous allions effectuer cette modeste odyssée entre des îles de toutes dimensions et d’aspects variés, depuis l’île désertique inhabitée constituée de pierres grises jusqu’à l’île à l’abondante végétation où se nichait des villages de pêcheurs toujours attractifs, et ne croiser que deux grands ports : Split (ex Spalato), port industriel, et Dubrovnik (ex Raguse).

Le capitaine et l’accompagnateur pêchaient armés d’un fusil pour nous rapporter des daurades ou d’autres poissons que nous préparaient le cuisinier. Ils initièrent quelques passagers à cette pêche, quoique certains pratiquaient déjà cette technique, peut-être même que c’était la raison pour laquelle ils étaient là !

Moi je ne faisais que me baigner au large, me risquer à pêcher en « m’enfonçant » dans la mer m’effrayait !


  1. premier voyage sans mes parents est faux puisque j’avais déjà séjourné en Angleterre, mais ces voyages n’étaient pas initiés par moi, mais par mes parents, la formule précise serait « premier voyage choisi par moi« .
  2. Caïque : bateau de pêche employé sur la cote méditerranéenne navigant à la voile

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