Jean-Jacques organise les premiers voyages en Chine
Dans le cadre de son travail, Jean-Jacques organise le premier voyage de Français en Chine en 1965, suite à la « reconnaissance » de ce pays par de Gaulle. Nous nous y rendîmes en août. Notre fils est confié à ses grands-parents.
Quand je dis « premiers » il est bon de préciser que c’est en comptant à partir de la révolution chinoise de octobre 1949 ; Durant les siècles précédents, plus particulièrement au 19ème siècle les Occidentaux ont occupés et se sont appropriés de grandes parties des grandes villes : Shanghai, Pékin, Canton pour les principales.
je prends le parti de ne pas entreprendre une Histoire de la Chine ! que vous trouverez dans un grand choix de livres :
- Pearl Puck : tous ses « romans » (c’est par elle que j’ai « connu » la Chine à partir de mon adolescence, vers 1950…) elle a vécu en Chine au 19/20ème et a reçu le prix Nobel de littérature.
- John K. Fairbank et Merle Goldmann Histoire de la Chine, Tallandier, 2010
- Lucien Bodard, qui est né en Chine, : un tas de livres ! avec souvent un humour grinçant
- une foule de livres sont parus pour traiter l’évolution des partis, idées, conditions en Chine à partir de la fin du 19ème, avec une concentration autour de 1949, puis de 1965… la liste est trop longue !
le Transsibérien
Atterrissage à Moscou ; nous embarquons dans le transsibérien chinois, traversant la Sibérie une fois par semaine jusqu’à Pékin, ils se relaient russe/chinois.
Nous sommes logés dans un compartiment pour nous deux. Nous allons prendre nos repas dans le wagon restaurant qui change de chef et de choix de cuisine au fil des provinces que nous traversons, par exemple en Mongolie on nous sert du lait de jument, qui nous parait aigre, nous accoutumés au lait de vache, doux.
À chaque halte les responsables de chaque wagon, Chinois car ce transsibérien est chinois, ils se relaient avec les Russes, sortent les premiers pour nettoyer les barres d’appui des mains pour descendre les trois marches et lavent les vitres extérieures du wagon dont ils sont responsables. Ils « veillent » sur nous durant le voyage, nous servant de l’eau chaude dans nos tasses garnies de feuilles de thé vert.
Montent et descendent les habitants de chaque contrée, chacun avec ses provisions d’habitudes alimentaires, ses vêtements typiques. Nous gardons l’heure de départ de Moscou, nous changerons nos montres à l’arrivée à Pékin, nous sommes ainsi en décalage de plus en plus prononcé au fil des six fuseaux horaires.
Marceline Loridan et Siné
Nous faisons la connaissance de nos voisins : Marceline Loridan et Siné. Nous ne reverrons plus Marceline, sur le bras de laquelle je découvre pour la première fois l’impression de chiffres sur le bras, par contre nous ferons tout voyage en compagnie de Siné à qui il arrivera une mésaventure :
Il disparut de notre groupe durant deux à trois jours, nous fûmes inquiets car informés en rien.
Après recherche d’un symbole de la Chine à mettre sur les cartes postales qu’il envoyait en France à ses connaissances, Siné avait inventé un chat, symbole typique de ses dessins, assorti d’une bulle disant « mao », à la place de « miaou » (désolée je ne trouve aucun exemple de ces « miaou »…).
Elles furent interceptées à la frontière par un postier Chinois, en conséquence Siné fut convoqué par des responsables politiques pour injures faites à la personne de Mao. Il fut finalement relâché et laissé libre de poursuivre son voyage avec notre groupe ; c’est en riant qu’il nous raconta ce qu’il ne prit que pour un incident.
Les paysages qui m’ont le plus marqués sont ceux du désert de Mongolie qui n’apparait pas comme le Sahara avec des collines de sable, mais un plat infini de prairies cerné par un relief. La capitale Oulan Bator où des grandes tentes rondes constituent la majorité des habitations, sur le quai les passagers habillés de vêtements de tissu brillant aux couleurs vives et unies qu’on dirait en Occident « mal assorti ».
Enfin nous descendons à Pékin que nous visitons où j’apprécierai bien évidemment particulièrement la cité interdite et la grande muraille que nous visitons.
Nous poursuivons notre voyage à travers la Chine en trains et autocars pour visiter deux autres grandes villes :
- Shanghai où nous habitons dans le Bund et où nous assistons à une pièce de théâtre en chinois, traduite en anglais écrit sur des bandes de côté ; on nous montre les marchés fournis d’un grand choix de légumes et de fruits.
- Hang-Tchéou qui comporte un grand lac tranquille entouré d’arbres.
Nous nous rendons dans une commune populaire à l’ouest de Pékin, toujours accompagnés d’un interprète et d’un politique qui contrôlait aussi notre traducteur.
Nous habitons dans les luxueux hôtels construits par les Occidentaux qui ont occupé la Chine durant la seconde moitié du dix-neuvième et la première moitié du vingtième siècle.
Les Chinois n’ont pas vu d’Occidentaux, qu’ils appellent les « long nez », depuis au moins 1949, si bien que chaque arrivée de notre autocar, où que ce soit, est accueillie par une foule de Chinois qui veulent nous voir et nous toucher à chacune de nos descentes de l’autocar, puis celui-ci est poursuivi durant plusieurs mètres par cette foule.
Au retour, en avion, nous nous arrêtons à Moscou trois jours.
Un livre entier serait nécessaire pour raconter ce voyage !
Les voyages qui reprirent en 1966 assistèrent aux débuts de la Révolution culturelle, ils durent donc s’interrompre.
Les voyageurs assistèrent à quelques humiliations de bureaucrates dans les rues affublés de pancartes accrochés à leur cou, les mains attachées dans le dos.
En revenant, ils nous racontèrent ce qu’ils avaient vu, nous étions tous accablés, ne soupçonnant pas que ce n’était que le début de la lutte de pouvoir dans le PCC, Mao voulant reprendre le contrôle de l’État et du PCC, qu’elle durera une dizaine d’années et fera plusieurs millions de morts…
Galerie photos de la Chine
Voici une galerie photos que j’ai collecté au fil des années : on peut y voir les pieds bandés des femmes et leur chaussure, les candidats aux examens du temps de la Chine impériale, l’évolution du territoire chinois et ses provinces, et Pearl Buck auteur que j’ai lu à partir de mon adolescence et qui m’a fait connaitre la Chine telle qu’elle fut au 19è et 20è siècle.
Jean-Jacques Porchez nul en matière de film !
Jean-Jacques filme comme il peut, mais mal, zoomant à toutes occasions, ce qui rendait le film difficile à voir, donnant le tournis. Je travaillais plusieurs mois à le découper pour enlever le retour des zooms pour qu’il devienne visible. Cependant alors que je gardais ce film, précieux pour moi (je rappelle que je m’intéresse à la Chine depuis mon adolescence, alors que lui cela ne datait que de 1965 pour lui !), il me sera volé par mon fils qui le donnera à son père. Je ne l’ai jamais revu.
- Mais quelqu’un me fera cadeau du sien en CD quelques années plus tard.