Début d’une dépression qui durera 7 ans de mariage

Le médecin me prescrit des piqûres pour faire revenir mes règles

Alors que je commence des piqûres pour un essai de stopper ma grossesse Jean-Jacques m’annonce qu’il part pour Cuba dans le cadre de son travail.

  • Je me retrouvais donc seule pour faire les piqûres.

Aucun infirmier ne pouvait être chargé d’une telle tâche interdite par la loi. Cuba restera longtemps le pays honni par moi, symbole de ma solitude, de l’abandon de mon mari durant la semaine charnière de ma vie de femme.

En 1964 les femmes françaises n’ont aucun droit

Les femmes françaises, en particulier mariées, n’avaient aucun droits sans l’accord de leur mari :

  • interdiction de travailler,
  • interdiction d’avoir un compte bancaire,
  • le régime légal du mariage est la communauté de meubles et acquêts,
  • le mari est le chef de famille avec autorité sur les enfants.

La date d’entrée en vigueur de la nouvelle loi du 13 juillet 1965 est le 1er février 1966 :

  • droit pour les femmes d’ouvrir un compte bancaire et de travailler sans l’accord de leur mari, et le régime matrimonial devient « réduit aux acquêts », le mari reste le chef de famille.

Jean-Jacques me considère inférieure aux Algériens pour lesquels il s’est battu

Un mari qui a lutté pour les droits des Algériens n’envisage pas l’égalité pour sa propre épouse.

Par ses actes il me considère comme devant se plier à son bon vouloir :

  • il avait choisi l’appartement, sans mon assentiment,
  • m’avait mise enceinte contre ma volonté,
  • et me laisse seule devant un acte difficile à assumer seule : essayer d’avorter par des piqûres.

Ma solitude face aux piqûres interdites

Ces piqûres à faire quotidiennement seront un vrai cauchemar.

Chaque jour je devais aseptiser la seringue et l’aiguille en les faisant bouillir dans l’eau, puis remplir la seringue du produit, jusque là pas de problème, mais pour me piquer la cuisse c’était tout autre chose : je n’y arrivais pas.

Je m’y reprenais à plusieurs fois, je mettais facilement une demi heure à m’y résoudre. Tous les après-midi je tombais endormi sur le canapé. Je me réveillais comateuse.

Début de ma dépression qui durera 7 ans de mariage

Il se révéla que c’était peut-être le début d’une dépression.

Qu’est-ce qui me mettait dans un tel état moral ?

Sans doute une addition de faits déterminants pour ma vie et son avenir.

Nous étions dans un malentendu : Malentendu dont je ne pris pas conscience, mais dont j’avais toutes les répercussions.

Les faits se passèrent dans un laps de temps très bref.

Il ne s’était écoulé que six mois entre notre rencontre et notre mariage, alors qu’il ne s’agissait, pour moi, aucunement d’un coup de foudre mais plutôt d’un mariage de raison, un peu plus d’un mois s’était écoulé entre le mariage du 31 janvier et ces piqûres, je n’eus pas le temps de réfléchir, j’étais submergée.

Je m’étais mariée, entre autre, pour être libre, alors que je devenais de moins en moins libre de jour en jour, moins libre en fait que du temps de mon adolescence, et je n’avais jamais été si seule.

En effet je n’avais plus aucun contact avec mes relations ou amis de jeune fille, Jean-Jacques m’en avait écarté, insidieusement, par ses intérêts étrangers à moi et mes amis d’avant.

Ce billet est la suite, et conséquence, du billet sur la cause de ma grossesse

et sa suite est voyage en Suisse…avortement ?

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