Enceinte par le viol de mon mari Jean-Jacques Porchez

Ainsi commença notre vie commune…

Je ne savais rien faire dans une maison

: ma mère ne m’avait rien appris, même pas faire cuire des carottes, car elle m’avait toujours interdite de rentrer dans la cuisine quand elle préparait les repas.

Ma sœur et ma mère se moquèrent de mon ignorance : comme si j’aurais du tout savoir faire par inspiration spontanée !

Armée d’un livre de cuisine j’appris pas à pas les bases de la cuisine quotidienne.

Le Viol

Un jour de fin février 1964, dans l’après-midi, moi occupée à quelque tache ménagère accroupie vers le sol, Jean-Jacques me tire par le poignée, je me rebiffe, contre ma volonté il me tire jusqu’au lit, m’y couche et me viole.

  • Je ne fais que dire « non, non, non » que pouvais-je faire d’autre ?

Son poids du double du mien m’écrasait.

N’était-ce pas, en quelque sorte, la même attitude que ma mère qui m’entrainait dans son lit contre ma volonté, à laquelle je n’avais même pas su dire « non » ?

  • Au moins là je sus dire « non ».

Quel sens avait ce « non » ?

Depuis plusieurs années je cochais sur mon agenda mes jours de fécondité. C’était ma manière d’exercer ma liberté sexuelle : je savais quand je pouvais accepter une relation sexuelle avec mes partenaires successifs ou à venir.

Le préservatif n’était pas envisagé et je ne connaissais pas d’autre moyen contraceptif.

  • Je savais une seule chose :
  • je n’envisageais pas d’avoir un enfant.

Étant donné que Jean-Jacques et moi n’avions jamais parlé de notre vie commune future, nous étions sur un malentendu :

  • De mon point de vue rien de changé dans ma vie, l’état d’épouse ne changeait rien.
  • Ne m’avait-il pas dit que nous étions dans l’obligation de nous marier pour ne pas choquer nos parents ?
  • Ne m’avait-il pas parler de liberté ?

Ainsi mon « non » avait plusieurs sens :

  1. je ne voulais pas de cette relation sexuelle qu’il m’imposait,
  2. et je savais être dans une période de fécondité.

Très vite je comprends que je suis enceinte :

mes règles sont absentes à la date prévue :

  1. J’étais réglée avec régularité tous les trente jours.
  2. Je vais consulter un médecin qui m’annonce : « comme une orange ».
  3. Je l’informe que je ne veux pas d’enfant.
  4. Il me prescrit des piqûres « pour faire revenir les règles ».
  5. La loi en vigueur oblige à la déclaration d’une grossesse auprès de sa mairie dès les premières semaines.
  6. Depuis le régime de Vichy l’avortement est déclaré crime contre la Sureté de l’État et passible, après jugement par les tribunaux d’exception, de la peine de mort.
  7. L’État veille à l’application de cette loi en surveillant que la grossesse d’une femme va jusqu’à son terme. La contraception est assimilé à l’avortement depuis 1920.

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Nota bene :

  • j’ai eu beaucoup de mal à écrire ce billet : révéler publiquement mon viol par mon mari n’a pas été facile, je ne l’avais dit que couché sur un divan de psychanalyse, en hurlant, tardivement, en 1985, date à laquelle j’entamais une analyse après la mort de ma mère morte en janvier 1985, je n’étais pas arrivé à entamer une psy avant sa mort…

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