Voyage en Italie à la sortie de la guerre
Le premier voyage que je fis en Italie fut à la sortie de la guerre, je ne sais dire si c’était en 1944, 1945 ou 1946. Ma mère n’avait pas vu sa mère depuis qu’elle l’avait quitté au début de son adolescence pour aller voir son père qui était parti vivre à Reims avec « la bonne » dit-on dans la famille.
Une bonne dans une famille modeste ? oui c’est tout à fait vraisemblable. Il faut se souvenir qu’à ces époques les travaux ménagers étaient tous manuels : la lessive à la main et dans l’eau froide le plus souvent, et toutes les autres tâches qui se font maintenant la plupart du temps avec une machine, tel que découper et mixer des légumes et de la viande, etc…
Donc au sortir de la guerre ma mère, Alda, apprend que sa mère, Anita, est au seuil de la mort par son frère cadet Gordano qui vit avec elle, ou tout au moins près d’elle, à Milan, où sa mère l’a emmenée vivre au début des années 1930… pour échapper à la misère dans laquelle son mari l’avait mise en la quittant alors qu’elle avait en charge 3 jeunes enfants.
J’ai quelques souvenirs des lieux à Milan :
- c’était dans un immeuble avec des coursives intérieures qui donnaient sur la cour.
- l’appartement était composé d’une pièce où ma grand-mère était allongée dans son lit
- proche de la porte d’entrée une sorte de lavabo ou d’évier (??)
- un rideau séparait ces deux parties du logement
Moi je jouais dans la cour avec des Italiens du même âge que moi, soit entre 3 et 5 ans. D’après mon oncle Gordano je parlais italien, ce qui le réjouissait… mais pas pour longtemps… j’ai compris l’italien et même j’ai pu le lire, mais ne le pratiquant plus depuis plusieurs dizaines d’années, je l’ai oublié !
Cependant l’italien me sera utile à l’occasion d’une annonce historique : la chute du mur de Berlin, en octobre 1989, alors que j’étais en vacances en Turquie, sans autre information que le quotidien La Republica, que j’ai pu traduire pour l’Allemande qui m’accompagnait qui eut du mal à accepter que l’Allemagne ne serait plus coupée en deux par un mur…
Je me mis, durant plusieurs années en classe, à proclamer « je suis Italienne« , ce qui ne devait pas être forcément compris par mon environnement : le racisme contre les Italiens avait commencé de sévir !
Voyages en Italie années 1950
Années 1950 c’est tout autre chose : je m’en souviens bien mieux. Nous ne prenions pas des photos toutes les 5 minutes comme on fait maintenant !
Mon père eut envie d’aller voir cette famille de Rome dont était originaire sa femme, Alda.
Ce fut toujours lui qui avait l’initiation des voyages, il ne tenait pas en place, curieux il voulait allez voir d’autres pays. Il m’a communiquée sa bougeotte : moi aussi j’ai fait de nombreux voyages à partir de mon adolescence jusqu’à mes 76 ans, j’en parlerai au fil du temps…
Italie : mon origine culturelle
Donc profitant d’être en Italie nous continuâmes sur Naples, Amalfi, Capri, Pompéi (prononcer pompè.i), et Paestum, tous lieux qui m’ont laissée des souvenirs indélébiles… pour toujours ils marquèrent ma culture, et m’indiquèrent que c’était mes origines ethniques.
Je me souviens plus particulièrement de Pompéi… qui a bien changé depuis car les fouilles n’ont pas arrêté de progresser. Je me souviens aussi d’Amalfi une charmante station balnéaire… sans touristes années 1950… sinon les Italiens du coin. Et aussi Capri fréquentée à cette époque par la classe aisée et souvent intellectuelle d’Europe depuis déjà le 19ème siècle.
J’ai donc connu ces lieux, devenus célèbres depuis, peu connu au sortir de la 2de guerre mondiale, époque où l’Europe était encore « pauvre », plus particulièrement l’Italie qui avait vécu le fascisme depuis 1922 sous le gouvernement de Mussolini.
Et cela m’a déformée pour toujours pour toutes les « ruines » romaines et grecques que je visitai plus tard : celles d’Italie étaient en bien meilleur état de conservation et de restauration !