Mes premières règles, tardives, hors la présence de ma mère
Mes parents m’avaient confiée à une famille amie pour les grandes vacances. Le père était un ingénieur collaborateur de l’entreprise de mon père avec lequel mon père avait travaillé depuis avant la guerre, pendant la guerre, et jusqu’à son dépôt de bilan. Il était juif bulgare, la femme était d’origine alsacienne avec un fort accent qu’elle garda toute sa vie (1).
Ils étaient des parents attentionnés vis à vis de leurs enfants, autrement dit très différents de mes propres parents. Ils avaient une fille de mon âge et un fils de un ou deux ans de plus.
Ils avaient choisi la Bretagne, je suis incapable de dire où avec précision, je me souviens juste que c’était au bord de la mer et qu’il y avait des bunkers en béton « souvenirs » de l’occupation allemande. Le fils essaya de me séduire, moi j’étais totalement indifférente, je n’avais flirté avec personne encore, c’était l’été de 1957, j’avais précisément 16 3/4 et non encore « formée » selon le terme employé à l’époque.
Mes premières règles
Un jour je découvris du sang dans ma culotte… et je ne savais rien sur les règles… ma mère ne m’avait informé de rien ! Je me souviens pour toujours comme cette femme fut attentionnée avec moi, elle m’expliqua tout, dont comment porter des serviettes hygiéniques.
Il est remarquable que cet événement de mes premières règles se passa hors de la présence de ma mère. Déjà je n’avais pas confiance en ma mère, son comportement incestueux avait commencé depuis plusieurs années.
Je me souviens que j’avais été à la mer avec la classe et mes camarades de 13 ans avaient leurs règles… et moi je ne savais qu’à peine ce que c’était !
Ma mère m’avait emmenée voir un médecin et un cabinet de psychologues
Ma mère m’avait emmenée voir un médecin qui me demanda pourquoi je ne voulais pas devenir adulte.
- ne comprenant pas le sens de sa question je restai muette.
Puis ma mère me conduisit dans un cabinet spécialisé pour qu’ils me fassent passer des tests psychologiques. J’y allais plusieurs jours. Je fis des tas de sortes de tests, je me souviens surtout d’un village à construire, il fallait ordonnancer des maisons, des boutiques, une église. D’autres tests demandaient de répondre à des séries de questions.
Résultats des tests psy
Au bout de quelques jours ma mère en reçut le bilan. Je me souviens que c’était un matin. La radio était allumée, comme tous les matins durant mon petit déjeuner, il y était question des « évènements en Algérie » et des bombes, des attentats, les sons nous communiquaient l’ambiance de violence qui parcourait les villes, villages, campagnes dans ce département français.
Ma mère ouvrit et lut silencieusement les conclusions, debout à mon côté, que rendaient les psychologues concernant mon état psychique.
Elle se mit à pousser des hurlements :
- je ne suis pas comme ça, c’est faux, ils se trompent sur moi !
Et en colère les jeta dans la poubelle.
Moi, intriguée, me rendis à ce cabinet pour en connaitre les résultats, quelques jours plus tard, à l’insu de tous.
Les psychologues refusèrent de me les communiquer.
- Il s’agissait de moi mais cela ne me regardait pas !
Quelle manque de psychologie ! Quelle frustration je ressentis.
Il m’aurait été bien utile de savoir qu’elles étaient leur conclusion plus particulièrement dans mon rapport avec ma mère, dont visiblement il était en majorité question, vu la violente réaction de ma mère.
Plus tard, en analyse, quand ces souvenirs me revinrent, je les racontais en hurlant durant plusieurs séances. Des psychothérapeutes donnèrent un nom à mon vécu : inceste.
Mais voilà l’inceste maternel n’est pas reconnu en tant que tel par la société française
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(1) elle est venu à l’enterrement de mon père en janvier 1985, son mari était mort, et sa fille et moi avons eu un long échange sur notre passé et notre vie…