Suicide de mon père de 94 ans en maison de retraite -1

Mon père en maison de retraite

Mon père vit dans une maison de retraite à Niort depuis une quinzaine d’années, loin de tous ses plaisirs et connaissances parisiens, où ma sœur l’a fait déménager pour prendre possession de son appartement de Viroflay qu’elle revendit à son bénéfice, comme le partage d’héritage fait par notre père l’avait décidé, et s’approprier tous les meubles et vaisselles.

J’exprimai mon désaccord de cette décision : je pensais qu’il aurait été mieux pour lui qu’il ait une aide à mi temps ou à plein temps dans son domicile.

On m’informe par écrit que mon père est à l’agonie

Je me rends donc aussitôt à la maison de retraite où séjourne mon père. Non sans quelques difficultés financières. C’est à six cent kilomètres de chez moi et on ne campe pas en Charente au mois de janvier. Je restai quelques jours en me logeant dans les hôtels les moins chers qui soit : les 1ère classe. Me nourrissant dans les Mac Do et les sandwicheries. Je savais qu’en me rendant pour quelques jours à Niort je me mettais en danger de devenir interdite bancaire. Je ne regrettai jamais ce choix.

Arrivée dans la maison de retraite de mon père je demande à voir une responsable. Des sœurs catholiques ou protestantes sont présentes dans cette établissement.

J’obtiens tout de suite un entretien. J’avais besoin de cet échange, car moi athée, je ne sais quelles paroles tenir à mon père au seuil de la mort. Dois-je lui parler de Dieu ?

Puis on me conduit à son chevet. En bonne santé générale à l’âge de 94 ans, mon père a arrêté de se nourrir pour en finir avec la vie. Aucun autre moyen n’existait et n’existe toujours pas quand un humain ne veut plus vivre. Depuis plusieurs jours il a été fixé une sonde dans le nez de mon père pour l’hydrater d’un liquide sucré.
Il a gardé toute sa lucidité et est d’une maigreur impressionnante.

Pour la première et seule fois de ma vie je lui caresse les mains, le cou, les joues. J’essaye d’instaurer un dialogue, et tout à coup je suis interrompue par ma sœur qui entre dans la chambre sans frappée. Je lui signifie que je veux être seule avec notre père.

  • Elle me répond que non :
    – jamais je ne te laissera seule avec lui !
    Je suis indignée, mais veux éviter un esclandre devant un agonisant.
  • …Puis ma sœur sort précipitamment de la chambre et je l’entends hurler dans les couloirs :
    elle veut le tuer, elle va le tuer…

Ma sœur m’accuse

Je la suis dans le couloir pour stopper sa folie. Elle me crie, plutôt qu’elle ne parle, qu’elle ne veut pas que j’informe notre père de l’inceste que j’ai subi.

Quelle idée malsaine a-t-elle ? Est-elle persuadée que je veux informer mon père à l’agonie de ce que ma mère m’a infligée ? J’apprends ainsi dans la même minute qu’elle a pris en compte mon traumatisme dont je l’ai informée par circulaire, ainsi que mes cousines, quelques années auparavant, et qu’elle en est elle même choquée. Je n’ai pas fait parvenir cette circulaire à mon père, volontairement, ne voyant pas l’utilité de lui procurer un tel bouleversement.

Une responsable a-t-elle téléphonée à ma sœur pour l’informer de ma présence ? Tout ceci était-il préparé à l’avance avec la connivence des employés, qui certes ne pouvaient pas prévoir la réaction de ma sœur, ni ne connaissaient le contexte familial, elles n’en pouvaient savoir que ce que ma sœur et sa famille avaient pu lui en dire. Par contre les minutes qui suivirent montrèrent que les soignants connaissaient bien le caractère intransigeant de ma sœur…

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