Grâce au train je campe partout en France années 1970

Sans voiture je prends le train

carte SNCF réseau 1910 1930
carte SNCF réseau 1910 1930

Durant toutes ces années je voyageais beaucoup, surtout en France, et en campant. Et comme je n’avais pas de voiture et que les lignes de chemin de fer parcouraient la France en tous sens, sac à dos rempli d’une tente, parfois avec mon fils, j’explorais la France : Dordogne, Normandie, Carcassonne, Cévennes, Arles, Alpes (que l’été), etc…

Le réseau que je vous présente ici correspond aux années 1930 … d’après mon souvenir années 1970 il n’avait pas encore rétréci comme il le fera durant les années où le TGV pris le pas sur tout le reste du réseau, voir l’article de Reporterre

Ce sont aussi les années où je commençais à aller au Maroc…

Maison familiale à Montargis

Un ami avait une maison de famille en pleine campagne, aux environs de Montargis où nous allions souvent passer des week-end, dans sa 2 CV, nous nous arrêtions souvent dans un grill pour manger des frites et du poulet.

La maison comportait deux pièces :

  • une grande cuisine, plutôt salle commune,
  • et une petite chambre ;
  • une petite annexe sur un côté pour stocker le bois avec lequel nous nous chauffions ;
  • tout autour un peu de terrain, où certains campaient quand nous étions trop nombreux pour tenir dans la pièce commune.

De l’autre côté du chemin qui bordait le modeste terrain, un champ où paissaient des vaches, dont parfois j’avais peur si elles s’approchaient trop des fils barbelés !

Nous y allions en groupe, en général des camarades du PSU, pas que, en tout cas nous étions tous engagés au moins moralement à gauche. Nous couchions dans nos duvets au sol, sur des matelas improvisés, les uns à côté des autres, sans distinction de sexe.

(une manière de vaincre ma dépression)

KOKOREFF amoureux de moi !

Koko, surnom du propriétaire, était amoureux de moi, mais je ne le soupçonnais pas du tout, rien dans son comportement ne l’indiquait. Il fallut qu’un jour, excédé sans doute, il m’engueule pour me dire en substance qu’il attendait un mouvement vers lui de ma part.

Pour moi il était un ami cher, je n’avais aucune attirance pour lui, ce qui facilitait d’ailleurs ma liberté de mouvements car comme il n’habitait pas loin de chez moi à Paris, je me rendais très souvent chez lui en Solex. Je me sentais moins seule grâce à lui, l’amitié entre un homme et moi ne me posant aucun problème particulier. Au contraire j’y trouvais l’avantage d’avoir un autre point de vue sur la vie que féminin. D’ailleurs nous étions souvent plusieurs à nous retrouver ainsi chez lui.

Je suis donc tombée des nues le jour où il m’informa abruptement qu’il était amoureux de moi…

Militantisme : guerre du Vietnam, Lip, journal Libération

Guerre du Vietnam

ho chi minh le fameux char de 1975
ho chi minh le fameux char de 1975

Les années de 1972 à 1976 seront des années ponctuées par la guerre au Vietnam qui s’amplifie, que je suivais quotidiennement depuis 1964, elle finit par la victoire des Vietnamiens sur les Etats-Unis le 30 avril 1975, le départ des GI’s, les boats people qui feront des centaines de milliers de morts, des réfugiés dans des camps en Asie (Hong-Kong). Des milliers de Vietnamiens sont accueillis par la France, ils sont reconnaissables à leur minceur et pattes d’éléphant dans le métro de Paris et construirons le futur quartier du 13ème arrondissement de Paris dénommé le quartier « chinois ». La suite, car la guerre n’est pas finie en Asie du Sud Est, sera le génocide perpétré par les Khmers Rouges au Cambodge, génocide du plus particulièrement à la faim dès les premiers mois , dans ce pays qui avait été le plus gros producteur de riz d’Asie du Sud. L’ONU sera complice puisque les Khmers rouges y détiendront le seul siège représentant le Cambodge jusqu’années 1990. Complice aussi la Thaïlande qui les laisse pénétrer et se réfugier sur leur territoire, par exemple quand les Vietnamiens interviennent pour faire cesser ce régime années 1980. Complices les chefs d’état qui les visitent : Birmanie, Roumanie, Corée du Nord, par contre la Chine prend ses distances.

Puis c’est LIP qui est menacé de fermeture.

Lip est une grande entreprise d’horlogerie française fondée en 1867. En 1971 débute des conflits d’intérêts entre les administrateurs mais surtout des concurrences internationales à bas prix. En 1973 les ouvriers, très qualifiés, ayant construit les premières montres à quartz françaises, apprennent qu’un plan de licenciement général est programmé : ils se mettent aussitôt en grève. La résonance se fait dans tout le pays, 1968 n’est pas loin, partout des comités de soutien se construisent. Après un temps de succès de la mise en autogestion (programme politique spécifique du PSU), une grande manifestation nationale est organisée à Besançon devenue ville morte, l’entreprise est liquidée en septembre 1977. Mais la marque LIP est gardée, passée, rachetée, un aller-retour à Hong-Kong, finalement la marque LIP et sa spécificité de montres à quartz reste vivante et continue sa vie.

Journal Libération

Ces années étant des années politiques sur tous les plans, il est envisagé de créer un quotidien, qui reprendrait le nom « Libération », nom qui avait une belle histoire liée à la Résistance. Le projet est de construire un quotidien totalement démocratique. Des comités seraient créés dans toutes les provinces françaises et relaieraient les informations qui seront remontées à Paris, le centre. À Paris je fais partie de cette organisation. Nous avons tout à organiser : la rédaction, ses relais en province, le contrôle de la distribution par les NMPP, ce qui nous oblige à des comptages constants pour que le journal soit présent en nombre suffisant dans des points de vente précis triés et choisis par nous. Cela commence à fonctionner, les informations remontent. Mais nous sommes vite confronter à la non rentabilité : il nous faudrait un capital. Nos modestes contributions n’y suffisent pas. Un jour, à l’occasion d’une réunion « au sommet » à laquelle j’assiste, j’apprends qu’un capital nous est versé gracieusement, mais le donateur veut rester anonyme. Je suis choquée, comme d’autres : quel est ce capitaliste qui va prendre le pouvoir ? Ce n’est que peu de temps plus tard que nous apprenons qu’il s’agit de Jean-Paul Sartre qui veut garder l’anonymat. Ouf, mais nous avons eu le temps d’avoir peur… cependant il démissionnera rapidement car déçu par la ligne politique qu’à pris le journal qui est devenu social-démocrate. Moi aussi et je ne le rachèterai plus jamais.

Années 1970 début du mouvement de la libération de femmes

Assemblée des femmes aux Beaux-arts

mai68 femmes
mai68 femmes

Les années 1970 sont réputées comme étant celles de la libération des femmes et de la sexualité.

À l’automne 1970 premières Assemblées générales des femmes à l’école des Beaux-Arts de Paris.

Pour ma part j’assiste à l’une de ces AG aux Beaux-Arts et en repars vite car les hommes qui entrent pour y participer sont huer violemment par l’assemblée, je ne le supporte pas. Je vais voir des féministes dans un local (1), pour mieux comprendre leur démarche, là rien ne m’encouragea à poursuivre : je les trouvais sectaires.

Qu’elles aient besoin d’affirmer leur homosexualité ne me dérangeait pas, ce qui me dérangeait étaient qu’elles voulaient que ce thème devint central pour la libération des femmes.

Alors que l’homosexualité était aussi difficile à vivre, dans cette civilisation, tant pour les hommes que pour les femmes.

Pétition « je me suis faite avorter« 

Le 5 avril 1971 343 femmes avaient signé une pétition dans le Nouvel Observateur « je me suis faite avorter » alors que la loi condamnait encore l’avortement à la prison, selon la loi de Pétain.

Par contre je participe à des réunions mixtes organisées par le PSU chez les unes ou les autres et à des stages durant l’été où chacune et chacun s’exprime.

Communauté des Cévennes et écologie

L’été je vais dans une communauté des Cévennes, avec mon fils, où je découvre le partage des tâches, l’écologie appliquée pour la culture des plantes et l’élevage des animaux. J’ai été incitée à y rester, à adhérer à leur communauté… je choisis de rester vivre à Paris où j’avais tant d’occupations. De plus le PSU se préoccupait aussi de l’écologie dans son programme politique.

Au grand malheur des Humains vivant sur la planète l’indispensable écologie (2) fut « oubliée » par les partis et hommes politiques, sans parler des industriels, durant plusieurs dizaines d’années… nous en vivons les conséquences qui ne font que commencer.

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(1) j’ai oublié où, cela peut-être dans un local ponctuel pour l’édition d’un des journaux féministes : Le Torchon brûle, l’Idiot international, Partisans n°spécial ?

(2) 11 mai 1971 manifeste de 2200 scientifiques remis aux Nations Unies

Adhésion au PSU en 1971 et changement climatique !

Mon adhésion au PSU

programme psu 1978
programme psu 1978

qui est le sigle de : Parti Socialiste Unifié curieuse dénomination car il n’a vraiment rien d’une unification !

J’adhérai au PSU au début de l’année 1971. Sa ligne autogestionnaire me convient tout à fait ; il rassemble plusieurs courants ce qui permet des discussions et échanges avec diverses lignes politiques (trotskiste, mao, paysanne) ;

il prend en compte le changement climatique que viennent d’annoncer des scientifiques, l’environnement fait partie de son programme : c’est totalement oublié de nos jours ! Il fut le seul parti à en tenir compte dans son programme, à part le seul parti spécialisé sur la question de Brice Lalonde  auquel adhéra Jean-Jacques Porchez.

il sera toujours proche des luttes.

Le PS, bien qu’en reconstruction, ne m’attire pas du tout.

Cependant je côtoie des militants de gauche divers, dont des trotskistes, qui de « mao » virent vers le journal « Rouge » ; d’autres « m-l » tentés par le passage à la violence, je les fuirai.

En France, à l’inverse de l’Allemagne, l’Italie, la Belgique, l’Espagne, les groupes violents n’eurent que peu de développement, elles durèrent jusqu’années 1980.

Quant au PCF…

j’en ai été exclue en 1964, je ne vais pas y revenir ! Quoiqu’il m’arriva d’assister à quelques réunions ouvertes à des non adhérents sympathisants, réunions d’un grand ennui où il n’est pas question de politique mais seulement de pratique : tracts, affiches, etc.

Je ne dois pas dire que je suis au PSU : très mal vu par le PCF qui le catalogue encore, suite à 1968, « d’extrême gauche » ou reprenant l’insulte adoptée par la bourgeoisie « gauchiste » : terme très péjoratif à ses yeux !

Période de 1968 à années 1980

La période jusque fin des années 80 seront des années de grandes contestations internes au PCF : exclusions, et surtout départs de dirigeants à la pelle… qui font scandales à chaque fois, certains essayant, sans lendemains, de reconstruire une autre structure…

Au PSU je fais connaissance d’ami-e-s, qui marqueront ma vie pour longtemps (Geneviève et Bernard, frère et sœur).

Et un compagnon ! Il est étudiant à polytechnique. Bientôt il tombe amoureux de moi, il me trouve belle, je le trouve agréable, sans plus. Il me demande en mariage.

Pourquoi pas ?!. Pour cela il me présente à sa famille qui habite Versailles :  Elle refuse ce mariage parce que je suis divorcée.

Lui ne voyait aucun inconvénient à élever mon fils auquel il s’est attaché.

Je le croiserai un jour dans une manifestation accompagné de sa femme et tenant un fils sur les épaules… crève cœur.

alors que j’avais demandé une pension alimentaire à JJ Porchez